Levis
Comme dans les sociétés humaines, souvent, un mythe de la création naît dans les grandes entreprises. Histoire ou légende, Levi Strauss serait arrivé à San Francisco en 1850 avec un chargement de toile de tente : n'arrivant pas à s'en débarrasser, il en aurait fait des pantalons de travail.
La version officielle est un peu différente ! Originaire d'une famille bavaroise, Levi apprit son métier de négociant en tissus à New York, dans l'affaire de son frère. En 1853, sûr de ses capacités, autant qu'on peut l'être quand on part seul vers l'inconnu, attiré comme des dizaines de milliers d'autres par la ruée vers l'or, il vint créer une succursale dans l'Ouest. Il fit bien, et son entreprise prospéra.
Vingt ans après, l'or se faisait rare dans la Sierra, mais les mines d'argent du Nevada étaient en plein essor. Jacob Davis, tailleur à Reno et client de Strauss, renforçait avec des rivets les coutures des vestes et des manteaux qu'il cousait. Lassé de voir les poches de pantalons arrachées par tout ce qu'y fourraient les mineurs, Davis les renforça de la même façon.
Devant son succès, ses concurrents ne tardèrent pas à l'imiter. Jacob Davis n'était démuni ni de bon sens, ni d'argent : il devait protéger l'invention ! Il était submergé de travail, et le voyage à San Francisco lui aurait pris trop de temps : il envoya deux pantalons rivetés à Strauss, accompagnés d'une lettre où il lui proposait de partager les profits éventuels, comme les soixante-huit dollars