Liberté du travail
La liberté du travail en droit français Essai sur l’évolution d’une notion à usages multiples*
Il n’existe pas, en droit français, de définition de la liberté du travail. On en trouve cependant mention dans deux textes différents. Le premier est l’article L. 412-1 du Code du travail, issu de la loi du 27 décembre 1968 relative à l’exercice du droit syndical dans les entreprises, qui garantit que « l'exercice du droit syndical est reconnu dans toutes les entreprises dans le respect des droits et libertés garantis par la Constitution de la République, en particulier de la liberté halshs-00647268, version 1 - 1 Dec 2011 individuelle du travail ». Le second est l’article L. 431-1 du Code pénal qui sanctionne « le fait d'entraver, d'une manière concertée et à l'aide de menaces, l'exercice de la liberté d'expression, du travail, d'association, de réunion ou manifestation ». Dans les deux cas, la liberté du travail apparaît comme une limite apportée à des usages abusifs du droit syndical ou du droit de grève. La référence opérée par l’article L. 412-1 aux droits et libertés garantis par la Constitution donne donc à cette notion une valeur constitutionnelle, admise comme telle par la Cour de cassation. Pourtant le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, auquel renvoie celle du 4 octobre 1958 aujourd’hui en vigueur, ne mentionne nullement ce principe. Il affirme seulement que « chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi ». Le Conseil constitutionnel, quant à lui, ne l’a jamais reconnu, alors même qu’il en a eu plusieurs fois l’occasion1. De son côté, la Doctrine apparaît incapable d’en donner une définition précise. Elle le caractérise généralement en opposition à d’autres notions comme l’obligation de travailler, le droit au travail ou l’interdiction de travailler 2. Des distinctions sont également opérées entre libertés des salariés et libertés des
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