Liberté et justice
Une telle affirmation ne saurait étonner dans les mots de J.-J. Rousseau, symbole même de l’esprit des « Lumières », cet esprit même qui inspira le libéralisme qui perdura jusqu’à nos jours, mais elle ouvre pourtant des questions fondamentales sur la légitimité de la Justice à limiter la Liberté – que l’on pourrait définir en première approximation comme la possibilité d’agir, de penser, de s’exprimer selon ses propres choix. En effet, s’il existe, en réalité, deux types de Justice, l’une consistant en un ordre moral extérieur maintenu via une institution judiciaire de source étatique, l’autre, vertu cardinale, consistant au contraire en une aptitude intérieure à agir justement, c’est-à-dire à respecter les doits d’autrui, la première est d’une actualité certaine dans un contexte de libéralisation économique & politique poussée, et force est de constater qu’elle est davantage sur un position défensive qu’offensive. Comment en effet justifier qu’une Justice définie extérieurement puisse s’opposer à ma Liberté de choix en tant qu’intériorité fondamentale ? Si l’on admet que la Liberté reste un objectif d’une légitimité indiscutable, la question problématique devient, par conséquent, celle-ci : la Justice est-elle réellement nécessaire à la Liberté