linguistique textuelle
Entre grammaires de texte et analyse du discours1
Jean-Michel Adam (Université de Lausanne)
Les organisateurs du colloque ont posé une question très claire aux participants de cette table ronde : l’analyse de discours, l’analyse conversationnelle et l’analyse textuelle – disciplines représentées dans cette table ronde par Dominique Maingueneau, Catherine
Kerbrat-Orecchioni et moi-même – sont-elles des disciplines ou des courants disciplinaires différents ou peuvent-elles être placées dans le même champ, du moins épistémologiquement ? Cet historique situe l’analyse textuelle par rapport à la linguistique textuelle, à la linguistique transphrastique et à l’analyse de discours.
La tâche qui m’a été attribuée est de représenter la discipline qui a été désignée comme
« analyse textuelle » (à côté de l’analyse du discours et de l’analyse conversationnelle). À la différence de Catherine Kerbrat-Orecchioni qui ne se reconnaît pas dans le syntagme « analyse conversationnelle », j’assume le syntagme « analyse textuelle » en le rattachant au champ de la linguistique textuelle. Je confronterai donc mon usage de l’appellation « analyse textuelle » à celui que d’autres en font ou en ont fait. J’expliciterai ensuite pourquoi je parle d’analyse textuelle des discours en rapprochant la linguistique textuelle (désormais LT) de l’analyse de discours (désormais AD). Ces deux disciplines ont des origines séparées, mais contemporaines
(elles ont émergé dans les années 1950) ; elles ont des auteurs et des textes de référence : Zellig
S. Harris et Michel Pêcheux pour l’AD, Eugenio Coseriu et Harald Weinrich pour la LT.
1. Les « analyses textuelles » : entre sémiologie, sémiotique, LT et AD
Le syntagme « analyse textuelle » (désormais AT) a été utilisé par des auteurs très différents et il a même servi de titre à plusieurs articles et ouvrages.
1.1. Roland Barthes opposait l’AT à l’analyse structurale, à l’occasion de l’étude d’un