Linguistique
(phonème, morphème ou monème, syntagme, phrase...) incombe au linguiste dans une perspective délibérément non-normative et constructiviste (la langue est l'objet d'une reconstruction à partir des données individuelles de la parole des sujets). Dans le structuralisme américain, par exemple, le travail sur corpus (échantillon de langue constitué d'énoncés oraux ou écrits) va devenir un enjeu de la théorie du langage et de ses méthodes. L'orientation synchronique du structuralisme (on étudie un état de langue et non le devenir d'une langue, son évolution diachronique) découle de ce premier principe: les sujets parlants ignorent les lois d'évolution de la langue qu'ils parlent: ils obéissent à des contraintes de structure. Ce principe méthodologique implique à son tour un choix fondamental: ce sont des énoncés qu'il s'agit de rendre compte, et non de la situation de communication ou de l'intention de l'émetteur. L'idée de structure implique bien, de ce point de vue, qu'on travaille sur un ensemble clos de données: certains linguistes parlent à ce sujet de texte, dont le modèle explicatif devrait pouvoir rendre compte de manière exhaustive, en ce qui concerne tant la structuration du signifiant que celle du signifié. Par rapport à ce texte, les intentions du sujet parlant et les conditions concrètes de l'énonciation échappent à l'analyse structurale qui, sans en dénier l'existence, en laisse la charge aux disciplines connexes: sociologie, psychosociologie, psychanalyse, anthropologie... Si toutefois R. Jakobson, E. Benveniste, Ch. Bally étudient certains aspects du procès de l'énonciation, c'est uniquement dans la mesure où le code linguistique (dans le système des pronoms, des embrayeurs, du système verbal, des modalisateurs...) porte la trace systématique et manifeste, objectivée, de la subjectivité des locuteurs. Là encore, ce n'est donc pas la