Linguistique
1. Définition
L'Infinitif, tout comme le Participe passé, le Participe présent et le Gérondif, sont à l’origine des formes verbales impersonnelles et a-temporelles. Ces modes, qui ont reçu le nom de mode quasi-nominal (Gustave Guil-laume), se caractérisent par la non actualisation (virtualité) du procès. En effet, le procès signifié par le verbe à l'infinitif ne porte ni la marque de la personne (on parle parfois de sujet phonétiquement nul), ni celle du temps. Avec l'infinitif, nous sommes à la frontière du verbe et du nom (coucher le coucher). C'est la forme d'entrée que les dictionnaires donnent au verbe.
Dans les énoncés :
Je veux
Tu voulais
Nous voudrions partir. partir. partir.
le procès exprimé par le verbe partir n'a ni valeur temporelle ni agent propres. Il se repère toujours par rapport au verbe principal (conjugué et donc actualisé).
C’est cette impersonnalité et cette a-temporalité qui sont recherchées dans les maximes, les proverbes, les ordres, etc., où le locuteur cherche à produire un énoncé valable pour toutes les personnes et à tous les temps : laisser faire laisser passer ; à prendre ou à laisser ; prendre un comprimé le soir.
Au niveau de la langue, l’infinitif est un mot dont le statut est hybride. En tant que « verbe » non encore actualisé par la conjugaison, il est susceptible de deux emplois différents, mais dans le discours, c’est le locuteur qui décide de son fonctionnement. Soit il l’utilise (1) comme un simple nom, soit (2) comme un verbe, avec ce que chacune de ces deux parties du discours implique.
Il faut ici préciser ce que nous entendons par emploi et par fonctionnement. L’emploi correspond à la forme de l’unité lexicale en langue telle que le dictionnaire la présente avant son actualisation dans le discours. Par contre, dans le discours, elle va occuper une position syntaxique qui correspond à un fonctionnement. Autrement dit, si le verbe à l’infinitif, au PPé ou au PPa, occupe la position du