Lorenzaccio, acte i, scène 11
Intro :
Lorenzaccio est une œuvre sincère. Sincérité des sentiments que crie le héros déchiré, sincérité des idéaux collectifs dont la grandeur s’affiche avec transparence. Sous une apparente complexité, le plus abouti et le plus naturel des drames romantiques français est aussi d’une parfaite limpidité : un jeune homme tourmenté, qui a perdu pureté et dignité, veut délivrer son peuple du malheur en tuant le tyran qui l’opprime et le dégrade, et, ce faisant, se délivrer lui-même du mal. L’extrait se situe à la dernière scène du quatrième acte, moment fort du drame puisqu’il s’agit de la mise en scène du meurtre du duc par Lorenzo. Moment d’autant plus attendu que tout, depuis le début de la pièce, tend à converger vers cet acte ; vol de la cotte de mailles, entraînement aux armes de Lorenzo, annonce et justification de ce meurtre auprès de Philippe Strozzi… Il s’agit donc d’une meurtre prémédité à l’enjeu collectif ( délivrer Florence d’un tyran ) et individuel ( retrouver la pureté perdue ). Dans cette scène, il y a trois personnages : Lorenzo, le Duc et Scoronconcolo (le maître d’armes). Il s’agit de la scène qui va libérer Lorenzo : il va enfin mettre son projet à exécution. La scène du tyrannicide, loin d’être un morceau de bravoure, est traitée de manière fort elliptique et rapide. A tel point que l’on peut s’interroger sur le choix des éléments retenus par Musset pour le déroulement de la scène ainsi que sur le sens de ce meurtre. Dans un premier mouvement, nous étudierons les effets dramatiques significatifs de l’extrait, puis l’insistance sur l’habile préparation du meurtre, avant de poursuivre au cours d’un troisième mouvement sur la stylisation et la symblique de l’acte meurtrier. Enfin, nous verrons dans quelle mesure cet acte est libérateur pour Lorenzo, incarnation du héros romantique.
I ) Des