Lorenzaccion
Cette scène vous semble-t-elle importante pour le sens de l’acte V ?
En 1853, sous le Second Empire, Musset supprime la scène V, 6 de l'édition des Comédies et Proverbes : cette autocensure indique que la scène n'est pas anodine. Or c'est souvent à partir de cette édition que certains metteurs en scène ont travaillé le texte de Musset en vue de sa représentation ; cette raison ajoutée à d'autres fait que jusqu'à la mise en scène d'Otomar Krejca en 1969, cette scène de la révolte étudiante a toujours été supprimée. Puisque Musset l'a tout de même écrite, il importe alors de se demander si elle est importante pour le sens de l'acte V.
I/ Cette scène de révolte étudiante montre que toute action politique est vaine...
La scène 6...
Cette scène pourrait sembler négligeable par sa brièveté. Elle met en présence des soldats et des étudiants dont la prise de parole est anonyme : l'un demande à voter pour élire le prochain duc (il s'agit d'une erreur de Musset se méprenant sur le sens des boules dans Varchi), ils réclament leurs «droits» et annoncent qu'ils sont prêts à «mourir» pour cela, ce qui se produit. La mise en scène de Jean-Pierre Vincent en 2000 s'achève avec cette scène sans la dernière réplique lyrique, sur : «Meurs donc !». Le couperet est brutal.
Après l'alexandrin : «On méconnaît vos droits, on insulte le peuple» (6/6) (exemple de belle parole, mais pour quel résultat ?), la scène se conclut sur une mêlée dont l'efficacité politique paraît plus que compromise : la dernière didascalie est composée d'un décasyllabe suivi d'un hémistiche d'alexandrin : «Les étudiants attaquent les soldats (10) ; ils sortent en se battant (6).» : les deux groupes, disjoints dans le décasyllabe, sont ensuite confondus dans une mêlée en désordre («ils»).
... rejoint donc le sens de tout l'acte V...
L'acte IV (scène 11) se conclut sur la mort du duc.