Madam bouvary la passion adultere
La rose écarlate
LESLIE KELLY
La rose écarlate
Prologue
Ils l’appelaient la Rose Ecarlate. Alors qu’on annonçait son nom sur un ton langoureux et presque déférent au Leather and Lace, un club masculin très sélect, un silence presque aussi déférent se fit peu à peu dans l’assemblée. Tous se redressèrent sur leurs sièges, les conversations se muèrent en attente silencieuse. Les hommes d’affaires à la cravate desserrée cessèrent de flirter à mi-voix avec les serveuses vêtues de minijupes noires et de bustiers minuscules. Les participants à un enterrement de vie de garçon regagnèrent leur table en poussant du coude le futur marié afin de lui recommander de regarder, et de sangloter sur ce qu’il allait perdre. Les célibataires qui venaient toutes les semaines pour la voir se calèrent dans leurs fauteuils club de cuir et levèrent vers la scène un regard déjà fasciné. Bientôt, le tintement de leurs glaçons dans leurs verres fut le seul bruit audible dans la salle. Même les serveurs savaient qu’il valait mieux ne pas déranger la clientèle quand la Rose faisait son apparition. Elle dansait seulement deux fois par semaine — le samedi et le dimanche — et depuis sa toute première représentation la Rose Ecarlate était devenue l’attraction la plus sexy de tous les clubs de Chicago. Car si les habitants de la ville étaient plus qu’habitués à des stripteaseuses aux traits durs, s’effeuillant en ondulant sur les basses d’une musique sexuelle, ils n’avaient tout bonnement jamais rien vu comme elle. Elle n’avait pas l’air dur. Elle était élégante. Ses traits délicats, ses courbes naturelles poussaient chaque homme 3
qui la voyait à se demander ce que ça ferait de caresser cette peau crémeuse. Elle ne faisait pas un strip-tease… elle se déshabillait. Séductrice. Comme si elle avait tout le temps du monde pour donner du plaisir à un homme. Sa musique n’était pas sexuelle ; elle était sensuelle, exotique, suffisamment inspirée pour qu’un homme ferme les