Mal nommer les choses
Publié par Serge Escots le 16 juin 2009 à 00:06 | 2 commentaires
Mots clés : aide sociale à l’enfance, sans résidence stable, désaffiliation, ethnographie, sémiotique, narration
Thématiques : Travail social, Accueil familial, Protection de l’enfance
« Si les noms ne sont pas ajustés, le langage n’est pas adéquat. Si le langage n’est pas adéquat, les choses ne peuvent être menées à bien. » Confucius
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », cette célèbre formule prêtée à Camus, mille fois utilisée, vient télescoper dans mon esprit, une phrase entendue à la radio ce matin, dont l’identification de l’auteur et le contexte général où le propos a été tenu importe peu au regard de l’idée que je voudrais rapidement poser ici. Alors que la discussion radiophonique porte sur les personnes sans logement, l’interviewé indique qu’un grand nombre de jeunes sans domicile stable sont « des enfants de la DDASS ». En effet, comme le montre l’observation ethnographique en milieu urbain, si parmi les jeunes sans résidence stable, se trouve un nombre significatif qui a bénéficié d’une mesure d’aide sociale à l’enfance, aucun d’entre eux n’est « enfant de la DDASS ». Pourtant, une représentation sociale largement répandue et totalement obsolète voudrait qu’il existe une institution appelée « la DDASS » qui recueillerait et s’occuperait d’enfants particuliers.
Malgré de nombreuses remarques à ce sujet par divers et éminents représentants du champ de la protection de l’enfance qui objectèrent que depuis les lois de décentralisation et à partir de 1983, cette compétence a été décentralisée aux collectivités territoriales, en l’occurrence aux Conseils Généraux, la société