Manon lescaut, livre 2
M. de Renoncour, écrivant ses Mémoires d’un Homme de qualité, rapporte le récit de
Des Grieux. À cette époque, le roman qui a mauvaise réputation est souvent ainsi déguisé en fausses Mémoires.
J’ai à peindre un jeune aveugle, qui refuse d’être heureux, pour se précipiter volontairement dans les dernières infortunes. Ce n’est donc pas là un modèle à suivre (exemplum virtutis), bien au contraire. Je réalise sur mon site une vidéo d’explication …afficher plus de contenu…
Cela faisait deux ans qu’ils ne s’étaient pas vus
:
Ses charmes surpassaient tout ce qu’on peut décrire. C’était [...] l’air de l’Amour même. L’Amour même, c’est-à-dire Vénus, qui inspire les amours fatales. Comme dans Phèdre par exemple. Mais Des Grieux, jeune noble du XVIIIe siècle, peut-il vraiment se comparer à cette héroïne tragique ? Les regrets de Manon sont touchants : elle ne peut pas vivre sans lui. Des Grieux fait passer sa faiblesse pour de la sensibilité. Des Grieux est bouleversé.
Où trouver un barbare qu’un repentir si vif [...] n’eût pas touché ?
— Manon ! [...] Tu es trop adorable pour une créature. [...] Par quel funeste ascendant se trouve-t-on emporté [...] loin de son devoir sans [...] la moindre résistance …afficher plus de contenu…
(L’épisode de M. de G.M.)
Nouveau malheur digne d’une comédie : profitant de l'incendie, les domestiques ont pris la cassette contenant leurs économies. Lescaut convainc alors sa sœur d’entrer au service d’un certain M de G. M., un vieux libertin. Manon laisse une lettre expliquant qu’elle est partie rétablir leur fortune :
« Je te jure, mon cher chevalier, que tu es l’idole de mon cœur [...] mais ne vois-tu pas [...] que dans l’état où nous sommes réduits, c’est une sotte vertu que la fidélité ? » Ce n’est pas l’éloge de l’infidélité du Dom Juan, ni le cynisme des Liaisons Dangereuses. Manon ne voit pas le mal d’utiliser ses charmes pour sauver leur fortune.