Mazas ou la mémoire des cathares
La balle partit droite vers son objectif, un panneau sur lequel était écrit "150M" en larges caractères jaunes sur fond noir. Elle décrivit une belle parabole dans les airs, retomba à moins de cinq mètres de sa cible et s’arrêta net.
Daniel rentrait d’une mission de 15 jours aux Etats-Unis et s’était octroyé une journée de repos. Il s’entraînait et tapait des balles avec son ami Jean-François, dans un centre d’entraînement de golf aménagé au milieu d’un hippodrome parisien.
Depuis une heure, il s’appliquait à reproduire un mouvement efficace et sans parasite. Il éprouva le besoin de souffler un peu. Il regarda le swing* de son ami et lui dit quelques mots pour l’aider à corriger des imperfections.
Son esprit vagabonda.
Le Golf, ce sport, cette passion lui avait rempli sa vie depuis plus de 20 ans. Lorsqu’il l’avait découvert à 28 ans, hélas bien trop tard à son goût, il en avait rapidement fait sa profession. Pour ce sport et à cause de lui, il avait subi des périodes de chômage ou d’inactivité bien dures à vivre pour lui et sa chère et tendre Charlotte qui l’avait toujours épaulé, aidé et soutenu, même dans les pires moments.
Il repensait à ces instants qu’il ne voulait plus jamais vivre, où il lui était arrivé de ne plus avoir d’argent. Pas d’argent pour aider ses 4 enfants et pas d’argent pour manger. Bref, pas un euro dans la poche. Un clochard avec un toit. Le toit de Charlotte qui travaillait et l’avait nourri et entretenu avec beaucoup d’amour, de patience et d’abnégation. Sa vie, jusqu’alors, avait été une succession de rebonds, de changements, de succès, d’échecs, de joies et de remises en cause. Bien sur cela lui avait forgé le caractère. Bien sûr cela lui avait appris à ne pas tenir compte des jugements péremptoires, ni des conseils « avisés » de certains, ni du regard des autres sur lui. Mais à quel prix !
Trois de ses 4 enfants, issus d’un premier mariage, étaient grands,
*Swing = Mouvement de golf consistant à