Mes documents
Extraits du livret pédagogique du coffret DVD Toussaint-Louverture et l'abolition de l'esclavage
© CRDP de Franche-Comté, 2009.
et l’abolition de l’esclavage
De Saint-Domingue à Haïti : hégémonie française et lutte pour l’indépendance
L’auteur, Florent Bonaventure est agrégé d'histoire et doctorant. Il enseigne au lycée Flora Tristan de Montereau-Fault-Yonne ainsi qu’à l’Institut d’études politiques de Paris.
Dernier avatar du rêve américain de Louis XV, Saint-Domingue – l’actuelle Haïti – est devenue en quelques décennies le fleuron de la France coloniale, la terre promise des colons blancs, enrichis grâce au travail de milliers d’esclaves importés d’Afrique. Malgré la distance, l’île est bien française, et son histoire se joue d’abord à Paris, dans les ports du littoral qui engrangent les profits de la traite, dans les salons des philosophes qui discutent de cette dernière en attendant de l’interdire, et dans les bureaux des ministres qui dictent sa politique. Son histoire propre ne peut se comprendre sans un détour par la France et sa vie économique et politique. Dans l'île, les débats autour de l’abolition de l’esclavage focalisent l’attention, attisent les craintes des Blancs et les espoirs des Noirs, et constituent la toile de fond des révoltes locales. Toutefois, à partir de 1789, les événements qui agitent SaintDomingue ne peuvent se réduire à un simple prolongement de la Révolution française, à son extension coloniale : ils ont leur dynamique propre, influent en retour sur l’évolution politique française et aboutissent à une indépendance noire, à la première grande défaite européenne dans les colonies.
Saint-Domingue : la « perle des Antilles » sous l’Ancien Régime
Une colonie prospère Saint-Domingue est florissante à la veille de la Révolution. Française depuis 1697, la partie occidentale de l’ancienne île des flibustiers et des pirates est devenue la « perle des Antilles », grâce à l’action volontariste du pouvoir