Migration et développement
Les liens entre migration et développement sont multiples et complexes. Pour les pays de départ, l’émigration constitue à la fois une soupape de sécurité qui soulage le marché de l’emploi mais aussi un coût, celui de la formation de la main-d’œuvre. L’exode des compétences touche de nombreux pays de la zone : selon une enquête, entre 1998 et 2000, 15 000 médecins arabes sont partis travailler hors de chez eux. Même quand les émigrés ne sont pas très qualifiés, leur départ crée une pénurie de main-d’œuvre sur place et provoque souvent une hausse de son prix. En milieu rural défavorisé, comme dans la région montagnarde du Rif marocain, la migration internationale peut être synonyme d’exode rural, de déprise agricole (baisse de la production, progression des terres incultes, abandon des systèmes d’irrigation) et de déstructuration de systèmes de solidarité traditionnels (recul des travaux collectifs et montée du salariat). Certains familles très pauvres ne disposent pour seuls revenus que des remises des migrants. Ainsi, via leurs transferts d’épargne, les émigrés participent à une formidable redistribution des richesses.
A. Les remises des migrants, une manne pour le développemnt ?
Maroc, Egypte, Turquie, Liban et Jordanie reçoivent officiellement chaque année, autour de 2 à 3 milliards de dollars, via les remises d’épargne de leurs travailleurs émigrés, et ceci sans compter l’argent qui emprunte les circuits informels, soit environ la moitié des transferts mondiaux, ni les biens en nature (véhicules, magnétoscopes, vêtements) que le migrant ramène pour sa famille ou ses amis, pour un usage personnel ou pour les revendre à profit. Pour les Territoires palestiniens, la Jordanie, le Liban et le Maroc ou le Yémen, cette ressource représente plus 10 % du PIB. Au Maghreb et au Moyen-Orient, les montants transférés, en constante augmentation, pèsent plus lourd que les investissements étrangers ou que l’aide au développement. Pour les Etats,