Monsieur
Le principe des avantages comparatifs figure au cœur de ces développements. L'avantage comparatif est la capacité, pour un producteur, à fournir un bien à un prix plus faible, relativement à d'autres biens, comparé à d'autres producteurs. Par exemple, un artisan peut disposer à la fois d'excellentes capacités dans la production de pain et dans celle de vaisselle, mais il disposera d'un avantage comparatif dans ce dernier bien si, comparé aux autres artisans, il est encore meilleur potier que boulanger. En vertu du principe des avantages comparatifs, il aura intérêt à consacrer son temps et ses efforts à la production de vaisselle et à laisser à d'autres le soin de produire du pain. En appliquant ce principe au cadre des pays, David Ricardo (1772-1823) construit en 1817 un argument majeur en faveur du libre-échange, et, au-delà, l'un des théorèmes les plus implacables et contre-intuitifs de l'économie moderne.
Se souvenant avoir été mis au défi par un ami mathématicien, sceptique quant au caractère scientifique de l'économie, de nommer une proposition en sciences sociales « à la fois vraie et non triviale », Paul Samuelson ne trouva pas de meilleure réponse, quelque trente années plus tard, en 1967, que le principe selon lequel les pays gagnent mutuellement à s'ouvrir au commerce international dès lors qu'il existe des avantages comparatifs. « Que cette théorie soit irréfutable, cela n'a pas besoin d'être démontré à un mathématicien. Qu'elle ne soit pas évidente est attesté par les milliers d'hommes éminents qui n'ont