Montesquieu a fait partie du courant philosophique des Lumières françaises du XVIIIe siècle qui se sont avant tout donné pour tâche la lutte contre l’absolutisme, l’abus de pouvoir et le gouvernement par la force. La clef de cette lutte résiderait, selon Montesquieu, en un principe, provenant d’Angleterre, mais non appliqué alors en France, qui est le principe de la séparation stricte des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire), que Montesquieu évoque tout au long de l’extrait de l’Esprit des lois, publié en 1748, qui nous est présenté ici. La question qui se pose alors est celle de savoir s’il est concevable pour un « prince » de faire changer les coutumes, les mœurs, les manières, les traditions, bref, tout ce que nous pouvons regrouper sous le nom d’habitudes culturelles d’une nation, autrement dit d’un ensemble de sujets étant attachés à un seul et même État, sans pour autant avoir recours à la violence, qui est susceptible de prendre sa forme dans un changement législatif. Y a-t-il d’autres moyens que le recours à la violence pour changer les habitudes d’une nation, tant attachée à ces dernières ? Après tout, pourquoi vouloir imposer un changement à une nation qui n’en veut pas ? Finalement, n’est-ce pas plutôt l’inverse qui se produit plus généralement dans nos sociétés modernes, à savoir que ce sont bien les mœurs qui font changer les lois ? Cela suppose que les mœurs soient premières par rapport aux lois, ce qui nous amène à nous poser la question ultime qui est de savoir s’il y a besoin véritablement de lois pour faite changer les mœurs. Le but de notre étude sera de voir la place qu’occupent les lois dans le changement des mœurs d’une société donnée.

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D’emblée et ce dès le début de l’extrait, Montesquieu se positionne en digne philosophe des Lumières, en prônant la séparation stricte des pouvoirs. Selon lui, ce ne sont surtout pas les lois qui devront changer les mœurs car ce n’est pas leur rôle : elles sont là pour servir d’appui aux