Mouloud feraoun le chemins qui montent
Ce roman de la tourmente traduit avec une exemplaire adéquation la constellation chaotique qui secoue l'Algérie, l'éclatement de la famille des Ameur, la guerre anticoloniale, le choc des communautés, le désarroi d'une société bousculée entre l'exigence de modernité (l'ouverture et la tolérance) et le poids ancestral des traditions d'honneur (l'incontournable vendetta) le tout caractérisant l'extraordinaire lucidité du témoin écrivain. Ce roman saisit ouvertement la thématique amoureuse dans l'écriture romanesque à la suite de l'initiative de Mouloud Mammeri (La colline oubliée-1952) et Kateb Yacine (Nedjma-1956). L'inscription de la thématique amoureuse dans une œuvre de terroir sur laquelle plane un implacable ressentiment de vengeance d'honneur qui rappelle les romans de Prosper Mérimée ou mieux encore ceux de Stendhal. Ce roman est avant tout un roman d'amour et de vengeance, mais la romance est troublée par l'irruption de la conflagration et de la guerre. Mouloud Feraoun le souligne sans toutefois s'attarder sur ce fait qui peut-être aura détourné le cours d'un roman en élaboration : « J'ai été pris de vitesse », confiera Feraoun à son éditeur. Le caractère singulier du roman, c'est que l'énigme est dénouée dès l'ouverture. Ce roman s'ouvre sur la mort, mais cette mort est-elle la suite logique d'une querelle de jalousie ou est-elle la conséquence tout autant logique d'une vengeance selon les règles ancestrales de la vendetta ? Ce composé de veines littéraires consacrées renvoyant directement aux sources stendhaliennes voire mériméennes (c'est le côté classique du goût feraounien - classique et non scolaire comme l'auront suggéré les critiques malveillantes ou stériles) va tisser la trame romanesque de ce roman qui est indiscutablement le plus beau et le plus réussi des romans de Feraoun (à