Mozart maçon
" Espérer trouver un rituel rigoureusement conforme à celui de Mozart relève malheureusement de l'utopie ".
Jacques Chailley.
Avant-propos
Avant 1991, date du bicentenaire de la mort de Mozart ( 5 décembre 1791), peu de biographes se sont intéressés en profondeur à l'appartenance maçonnique de Mozart. L'influence déterminante que sa qualité de maçon assidu et enthousiaste a eue sur son œuvre, à dater de 1784, a même été souvent minimisée, voire même niée par certains biographes. Sauf bien entendu par les commentateurs de la " Flûte Magique" ( Die Zauberflöte), dans laquelle certains ont décelé des allusions symboliques qui auraient fait sourire les deux auteurs de l'opéra, ces parfaits professionnels du spectacle que furent les FF Schikaneder et Mozart. Une exception, mais de taille, mérite d'être signalée: Alfred Einstein, qui écrit en 1953 : " La pensée de son appartenance maçonnique....pénètre l'ensemble de son œuvre ; beaucoup de ses œuvres, et pas seulement Die Zauberflöte, sont maçonniques, sans que le non-initié l'imagine".[1]
Les auteurs allemands en revanche ont été mieux informés, plus systématiques mais bien moins connus en francophonie que les auteurs français. Depuis 1960, en France, l'ouvrage de l'historien Jean Massin, assisté de son épouse Brigitte, brillante musicologue, a accordé à l'appartenance maçonnique de Mozart une place de premier plan. Cet ouvrage célèbre se trouve néanmoins biaisé par les convictions romantiques et de gauche de Jean Massin, qui a tendance à faire de Mozart un champion des idées pré-révolutionnaires, au prétexte que Mozart relaye dans plusieurs opéras des idées généreuses partagées par une partie de l'aristocratie "éclairée", séduite par les audaces de l'Aufklärung. Massin n'est-il pas