Mémoires d'outre-tombe
L’usage du terme « immigré » s’est généralisé depuis le milieu du XXe siècle pour désigner l’immigration de main-d’œuvre. Depuis 1945, on parle couramment de main-d’œuvre immigrée ou de travailleurs immigrés et le terme tend, dans la langue courante, à remplacer celui d’« étranger ». À partir du début des années 1990, « immigré » est devenue une catégorie statistique, utilisée par les démographes pour désigner toute personne habitant en France et qui n’y est pas née. Un immigré peut ainsi ne pas être étranger – c’est le cas des individus nés à l’étranger et naturalisés Français. Et un étranger peut ne pas être immigré, s’il est né étranger sur le sol français.
Plus d’un tiers sont des Français par acquisition de la nationalité. Hommes et femmes sont désormais représentés à parts égales parmi les immigrés, l’immigration de main-d’œuvre à dominante masculine ayant, depuis 1974, laissé place à une immigration liée au regroupement familial, donc fortement féminisée. Autre trait marquant, le niveau de formation des immigrés a fortement progressé depuis 1982, la proportion des détenteurs d’un diplôme du supérieur se rapprochant désormais de celle des non-immigrés.
Immigré non intégré
Lahcen Fernad À 57 ans, cet ouvrier de l’usine Citroën d’Aulnay-sous-Bois aimerait bien « se reposer ». Au Maroc, son pays d’origine, il a commencé à travailler à l’âge de dix ans, avant d’arriver à l’usine en 1973. Cela fait 32 ans qu’il travaille sur la chaîne, sans avoir jamais pu obtenir un poste moins dur. Il pensait pouvoir partir en préretraite à 57 ans, dans le cadre de l’accord CASA (1) appliqué dans le groupe Peugeot-Citroën depuis 2000. Mais, comme 25 collègues de l’usine, d’origines marocaine, sénégalaise et malienne, il a appris qu’il ne bénéficierait pas du dispositif. Vendredi au TGI de Bobigny, le syndicat CGT de Citroën-Aulnay, soutenu par les 26 ouvriers, assignait en référé la direction de Peugeot-Citroën pour « exécution déloyale de l’accord » et «