À la différence d'autres pays d'Afrique francophone (2), le marché scolaire est détenu à Maurice par deux éditeurs nationaux : Les Éditions de l'Océan Indien (première maison d'édition mauricienne créée en 1976 avec l'aide de l'État) et les Éditions Le Printemps (ELP). Cette absence des éditeurs français n'est pas due à la taille du pays. Maurice occupait en 2003 la place de 5ème pays francophones importateurs de livres français dans le monde (3). Cette situation enviable s'appuie sur plusieurs atouts : une économie en bonne santé, un maillage de 62 librairies, un réseau culturel français (Alliance française et Centre culturel français), une dizaine de Centres de Lecture et d'Animation Culturelle (OIF), cinq écoles françaises et six bibliothèques municipales dotées d'un budget correct. De même, le marché scolaire est loin d'être négligeable dans un pays où l'école est gratuite et où les ouvrages du primaire sont pris en charge par le gouvernement. En 2007/2008 par exemple, ELP a remporté 100 % du marché scolaire des écoles primaires du gouvernement (ainsi que des 5 écoles françaises). Cela représente 20 000 exemplaires pour chaque manuel de français et d'anglais et 10 000 pour le manuel de hindi.
L'absence des éditeurs français sur le marché scolaire s'explique par la particularité mauricienne. Le français y est, en effet, langue de référence pour une bonne partie de la population mais n'est ni la langue d'enseignement (l'anglais) ni la langue maternelle (créole ou bojpuri). L'enseignement secondaire mauricien suit le programme de l'Université de Cambridge, programme sur lequel, les éditeurs français ont du mal à se positionner le français y étant enseigné en seconde langue. A contrario, dans la plupart des autres pays d'Afrique francophone, l'enseignement se fait en langue française comme si les élèves la possédaient parfaitement. Du fait de cette spécificité, les éditeurs mauriciens ont investi ce domaine, sans avoir à subir la concurrence d'éditeurs