Nature et culture
Avertissement préalable
Proposer aujourd'hui un cours intitulé "Nature et culture" dans le cadre d'une préparation au baccalauréat exige justification. Il est exact, comme on peut le constater en consultant les Instructions officielles, que si la "culture" demeure comme groupement de notions (incluant l'art, le langage, le travail, la religion et l'histoire), la "nature", elle, a disparu des programmes des séries générales (il semble bien qu'elle ait été remplacée par "le réel"). Elle figure en revanche dans les programmes des séries technologiques, soit seule, soit accompagnée de "l'histoire". Pourtant, le tandem "nature et culture" comptait parmi les notions dans les anciens programmes, ainsi que dans la réforme si contestée proposée par M. Alain Renaut en 2000 (retirée dès 2003). (Ci-contre, le Masaï, par Christine Dujardin.)
J'ai cherché les motifs de cette suppression. Sans succès. Je le regrette fort, car je ne me l'explique pas.
Au contraire, le couple "Nature et culture" me paraît porteur d'interrogations transversales qu'il convient d'examiner (fût-ce rapidement) pour comprendre certains enjeux fondamentaux du monde contemporain. Dans l'économie de mon cours, "Nature et culture" permettait même de cadrer les questions politiques essentielles dans un rapport "culturel" typiquement occidental à la "nature". Je pouvais donc l'employer à la fois comme transition entre les parties épistémologique et politique, et comme occasion de ressaisir certains problèmes essentiels dans un éclairage nouveau - par exemple le projet cartésien. Ce même cours me permettait en outre, à un moment crucial de l'année, de provoquer chez les élèves une réflexion indispensable sur l'ensemble de l'éducation qu'ils avaient reçue jusque-là.
Introduction
Nietzsche nous invitait (voir ce cours) à constater que la puissance du vivant (ce qu'il appelle "l'instinct de vie") commandait, souterrainement, à toutes les productions humaines. Ce faisant, il