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Fille de juifs allemands fuyant le III° Reich, elle se réfugie avec ses parents d’abord en Espagne puis à Paris dont elle est chassée en 1940 par les lois antisémites. Elle se réfugie dans une maison pour enfants juifs à Moissac et s’engage dans l’organisation clandestine du Mouvement de la Jeunesse Sioniste. Elle se charge de faire passer clandestinement les enfants juifs vers la Suisse. Le 31 mai 1944, elle prend la responsabilité d’un convoi de 28 enfants mais elle est arrêtée à 200m de la frontière. Emmenée dans la nuit du 7 au 8 juillet, elle est assassinée à quelques kilomètres de là. A la fin de la guerre, l’un des enfants internés à la prison de Pax remet à la responsable du MJS (Mouvement de la Jeunesse Sioniste) ce poème qui aurait été écrit par Marianne Cohn lors d’un premier séjour en prison en 1943.
Je trahirai demain
Je trahirai demain pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles,
Je ne trahirai pas.
Vous ne savez pas le bout de mon courage.
Moi je sais.
Vous êtes cinq mains dures avec des bagues.
Vous avez aux pieds des chaussures
Avec des clous.
Je trahirai demain, pas aujourd’hui,
Demain.
Il me faut la nuit pour me résoudre,
Il ne faut pas moins d’une nuit
Pour renier, pour abjurer, pour trahir.
Pour renier mes amis,
Pour abjurer le pain et le vin,
Pour trahir la vie,
Pour mourir.
Je trahirai demain, pas aujourd’hui.
La lime est sous le carreau,
La lime n’est pas pour le barreau,
La lime n’est pas pour le bourreau,
La lime est pour mon poignet.
Aujourd’hui je n’ai rien à dire,
Je trahirai demain.
Marianne Cohn, 1943