Obas
C'est sous le régime dictatorial de François Duvalier que naît Beethova Obas en 1964. Cadet de cinq enfants, il est le fils du peintre Charles Obas. En octobre 1969, après avoir manifesté face au Palais Présidentiel de Port-au-Prince, Charles disparaît corps et âme. Sa famille ne le reverra jamais. Grand amateur de musique, il conservait de nombreux instruments au milieu des toiles de son atelier. C'est dans ce lieu désormais déserté, que Beethova va décrocher l'accordéon, puis la guitare, et apprendre à en jouer en solitaire.
Très curieux de toutes les musiques haïtiennes, mais aussi de jazz, Beethova Obas se fait d'abord un nom en tant qu'auteur-compositeur. S'il écoute du compas, sorte de lent merengue typiquement haïtien, il est aussi très proche du courant contestataire "rasin" (racines) de Manno Charlemagne. En 1987, il collabore avec la chanteuse Emeline Michel pour laquelle il écrit un titre qui remporte un succès certain, "Plezi mize". Puis, c'est son jeune frère Emmanuel qui remporte le concours "Konkou Mizik" avec le titre "Lage L".
C'est dans des circonstances dramatiques que Beethova Obas passe du rôle strict d'auteur-compositeur à celui de chanteur. En décembre 87, Manno Charlemagne sort de chez lui pour aller enregistrer un titre de Noël un tantinet critique pour le pouvoir en place, "Nwel Anmé" ("Noël amer"). Des hommes armés lui tirent dessus sur le pas de sa porte le blessant grièvement. Beethova le remplace alors au pied levé. C'est un énorme succès. L'année suivante, il est élu Meilleur Jeune Chanteur par le jury du concours Découverte RFI dont le président est Manu Dibango, très impressionné par cette nouvelle