Ordre et désordre
Au niveau lexical ordre et désordre se présentent comme opposés l’un à l’autre, le second étant l’inversion, ou plutôt une dégradation du premier. Mais l’ordre n’est-il pas un état purement idéal, d’équilibre jamais atteint ? Et le désordre n’est-il pas lui-même une pure construction psychologique, une impression ? Aussi nous trouvons-nous avec sur les bras un couple de concepts qui, s’ils visent à décrire ou traduire des situations réelles, sont peut-être bien rivés à l’arbitraire de notre subjectivité : ordre et désordre seraient davantage des étiquettes collées aux états de choses plutôt que la réalité de ces états elle-même. Mais que la dualité ordre-désordre soit ou non suspendue à la psychologie d’un sujet, encore faut-il demander si la relation est toujours d’opposition, c'est-à-dire si l’ordre ne se construit qu’en excluant le désordre.
Il y a donc de l'ordre et du désordre indépendamment d'un état psychologique de notre part, ordre et désordre font sens pour nous mais peuvent être rapportés à l'être même. A un caractère phénotypique jugé pathologique correspond un désordonnement génétique (les choses sont certainement bien plus complexes), la démultiplication cellulaire qui abouti au cancer est bien le renversement d'une norme physiologique positive, qui n'est pas créée dans l'esprit de l'homme. Ordre et désordre sont donc deux états positifs, non psychologiques (ce qu'ils peuvent être aussi), et s'opposent en fonction d'une norme, celle de la santé,