Origines de la turcophonie
Intro: Est considéré comme turcophone toute personne qui pratique une langue dite turcique, ce qui correspond à une trentaine de langues notamment caractérisées par leur harmonie vocalique et leur agglutination. L’importance du phénomène turcophone est souvent mal perçue par les Occidentaux. Pourtant, le turcique compte environ deux cent millions de locuteurs, la classant au onzième rang des langues les plus parlées dans le monde. En effet, l’espace turcophone s’étend sur un arc de plus de 10 000 kms, de la Macédoine, à l’Ouest, jusqu’à la vallée de Kolyma dans le Nord Est de la Sibérie, en passant par la Chine et regroupe autant les Iakoutes de Sibérie, les Ouïghours de Chine, les Tatars, que les Bachkirs et Tchoutchaves de Russie, sans oublier les peuples d’Asie Centrale et du Caucase. Le monde turcophone s’étend ainsi sur une aire géographique immense. Mais là n’est pas la seule particularité du phénomène. Contrairement à la francophonie, qui regroupe l’ensemble de ceux qui ont le Français pour langue maternelle, la turcophonie rassemble des hommes qui, à proprement parler, ne sont pas locuteurs d’une langue unique malgré une forte cohésion linguistique. Ainsi, notre questionnement est le suivant : comment expliquer l’étendue géographique du phénomène et l’émergence de langues dérivées d’un parler commun? Les origines de la turcophonie entrainent-elles un véritable sentiment d’appartenance de la part des différents peuples qui pratiquent une langue turcique?
I/ Un héritage historique et linguistique commun
A) Un même peuple
- Il existait à l’origine un peuple Türk que l’on mentionne dans les annales chinoises dès le Vème siècle. Ces premiers Türk formaient une confédération tribale de nomades pasteurs et guerriers et occupaient les pentes méridionales du Mon Altaï. Ils étaient réputés pour leur travail du fer.
- Leur clan dirigeant se donnait pour ancêtres un jeune guerrier laissé pour mort après un combat avec