Pascal
« Le monde réel a ses bornes, le monde imaginaire est infini » écrivait Rousseau dans l’Emile. La quête de la sagesse et de la vérité est intemporelle chez les philosophes et l’une des interrogations fondamentales concerne la dualité entre imagination et raison En effet, l’imagination, capacité humaine à créer des images diverses, relève d’un domaine auquel les connaissances scientifiques actuelles ne peuvent donner de métabolisme concret, l’étude poussée des représentations qu’elle livre n’ayant guère plus d’un siècle, date d’apparition de la psychanalyse qui s’intéressait alors particulièrement aux rêves. Car les rêves sont une illustration des capacités de l’imagination dans l’esprit humain. Considérée comme trompeuse, on lui oppose souvent la raison, qui offre à l’homme la particularité d’être un « animal rationnel » selon Aristote, de pouvoir « manipuler les calculs »(ratio, en latin), ce qui lui donne sa qualité d’objectivité, mais dont Pascal s’interroge dans ses Pensées sur les rapports qu’elle lie avec l’imagination : quel est, dans l’esprit humain, le rapport de force qui existe entre imagination et raison, et quelles en sont les répercussions sur le comportement des hommes, tant vis-à-vis de soi-même que vis-à-vis d’autrui ? Pascal défend la thèse selon laquelle l’imagination est une puissance trompeuse prédominante dans l’esprit. Ainsi, d’essence même de l’homme, elle devient ennemie toute puissante de la raison : celle-ci ne pouvant que se soumettre, la pertinence de l’esprit humain se trouve inexorablement compromise par les aspects subjectifs que l’imagination et la sensibilité imposent. Inspiré par Montaigne, dont il ne rejoint cependant ni la tentation du scepticisme, ni la confiance humaniste, Pascal s’oppose surtout ici au rationalisme de Descartes, selon lequel la raison, égale en tout homme, est la seule puissance de « bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux »(Discours de la méthode). Si