Selon Kant : « les œuvres du génie doivent être exemplaires. Elles servent de règles pour le jugement des autres, bien que le génie ne connaisse pas cette règle ». (Kant, jugement esthétique et humanité). La création de toute œuvre de génie doit trouver dans la matière source d’inspiration. Cette matière peut être très diverse. Nous nous demanderons dans ce devoir si les œuvres de génie nécessitent l’emploi d’une matière abondante ou si, à l’inverse, une matière simple ou minimum comme l’expose Racine dans la préface de Bérénice est suffisante. Nous verrons dans un premier cas pourquoi l’abondance de la matière peut s’imposer, puis en quoi l’emploi d’une matière simple peut participer à la grandeur d’une œuvre. Enfin, nous aborderons les points qui unissent toutes les grandes œuvres.
Des œuvres construites à l’aide d’une base abondante, sur le plan littéraire, la tragédie est, à l’âge classique personnifié par Corneille, une pièce en cinq actes et en vers, dont le sujet est emprunté à la fable, à la mythologie ou à l’Histoire. Elle met en scène des personnages illustres (dieux, rois, princes, nobles, héros…), représentant une action dont le but est de provoquer un mélange de terreur et de pitié par le spectacle des passions humaines et des catastrophes qu’elles entraînent nécessairement. Pour susciter de tels sentiments, l’œuvre doit s’inspirer d’une matière abondante dans laquelle les événements s’imbriquent et se superposent de façon à donner naissance au point de « non retour » et au sacrifice des acteurs. L’intrigue principale reste cependant extrêmement simple et s’inscrit dans un registre réaliste, même si l’auteur peut pour son expression, faire appel au style lyrique. Il s’agit par exemple, de l’opposition entre des considérations politiques et des préoccupations amoureuses. (Roméo et Juliette de W. Shakespeare). Dans son tableau « Guernica », immense toile monochrome, Pablo Picasso montre la révolte que lui a inspirée le bombardement de la ville de