Peut-on s'opposer par la raison à des croyances ?
La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l'auréole. » Marx. Marx mène une critique politique de la religion comme idéologie, une critique de son instrumentalisation politique, et notamment de sa fonction d'aliénation : l'homme devient étranger à lui-même, au lieu de réaliser son essence. Mais le matérialisme abstrait et statique de Feuerbach ne lui suffit pas ; Marx veut expliquer pourquoi l'homme s'aliène dans la projection religieuse : c'est parce que sa vie réelle est invivable. Si la religion est une conscience inversée du monde, cette inversion n'est pas due à la conscience elle-même, mais est produite par un monde social qui est lui-même à l'envers. C'est donc en partant de la réalité matérielle que Marx déploie sa critique, et en mettant à jour les contradictions inhérentes aux conditions sociales de vie : son matérialisme est par conséquent concret & dialectique. La religion peut être définie par son effet d'assouplissement de conscience, d'oubli de soi et de sa propre réalité. Elle prêche en effet aux pauvres la résignation à leur condition misérable, dans l'attente de l'au-delà ; et cette double fonction de consolation et de production d'une espérance entrave leurs luttes pour un changement réel de la société. Marx ne se contente pas de critiquer les effets socio-politiques de la religion : il prône la mise en pratique des conditions de son abolition. Mais, à la