Pascal avait posé dans les Pensées l’ambiguïté de la force et de la justice. Sans force la justice est impuissante mais avec la force la justice est comme corrompue par un ordre de réalité qui lui est rarement instrumenté et qui se met souvent à servir des intérêts des agents de cette force au lieu de simplement servir l’intérêt commun et donc la justice. Toutefois ici Alain revient sur cette vision pessimiste et constate que bien souvent l’autorité extérieure garante de l’ordre public fonctionne comme un rappel de notre propre sens de la justice qui s’exerce par le sens de l’autonomie, du devoir moral qu’on se donne à soi-même. L’agent de police ou de la circulation est un symbole qui me reconduit à la base de la réflexion morale : je veux qu’on ne nuise pas à ma liberté et je consens à son autorité car au fond je ne veux pas nuire à la liberté d’autrui comme je ne veux pas qu’on nuise à ma liberté. L’agent de l’ordre public représente donc cette nécessité de protection de la liberté de tous. Alain reconnaît que ce mouvement n’est pas immédiat et qu’il y a en nous une dimension qui s’élève contre l’autorité, contre le sens du devoir morale. Il y a un droit du plus fort qui se revendique mais la force publique est aussi d’un côté l’expression de ma force en sympathie avec les autres. Mes revendications égocentriques basculent devant une revendication où l’amour de soi et l’amour du prochain ne s’opposent plus, où si cette utopie reste impensable, la paix entre moi et les autres symbolisés par le représentant de l’ordre public peut la laisser