Philosophie
Ce qui ne dépend pas de nous est ce sur quoi nous ne pouvons pas agir, ce par quoi nous sommes passifs et qui nous est extérieur. Ce qui dépend de nous, c'est, au contraire ce sur quoi nous pouvons agir, ce par quoi nous sommes actifs, ce qui nous est intérieur. C'est le domaine de la représentation. Ce qui nous fait souffrir n'est donc pas la chose en elle-même, mais la représentation que nous en avons, le jugement que nous portons sur elle. La mort, par exemple, n'est rien en elle-même, mais c'est la pensée de la mort qui fait souffrir. Si nous ne pouvons pas agir sur ce qui nous est extérieur, c'est que la nature est tout entière gouvernée par la nécessité : tout ce qui arrive devait arriver. L'univers est entièrement rationnel, les parties qui le composent sont reliées entre elles par un principe que les stoïciens appellent âme ou raison, ou cause. La liberté consiste alors à « vivre en harmonie avec la nature », c'est-à-dire à participer de manière consciente et active à la raison universelle. Elle consiste à acquiescer au destin. Par cet assentiment à l'ordre universel, le sage stoïcien y participe et devient actif. II s'agit dès lors de s'approprier ce qui nous est étranger — l'événement — en y acquiesçant par la faculté qui nous est propre : la raison. Dire oui à ce qui arrive est la voie de la sagesse qui procure la paix de l'âme ou l'ataraxie, c'est-à-dire l'absence de trouble. Parvenir à l'ataraxie suppose un long exercice. C'est que le chemin qui mène à la liberté est difficile et réservé à quelques uns qui y consacrent leur existence. Elle suppose un renoncement aux biens ordinairement convoités par le commun des mortels, comme la « puissance » ou la « richesse