Philosophie
Introduction
La raison humaine peut-elle tout connaître ? La science est souvent présentée aujourd’hui comme la discipline présentant les garanties de fiabilité les plus grandes dans la recherche de la vérité. Mais la science n’a-t-elle pas des limites ? Les questions métaphysiques et existentielles, portant sur un éventuel « au-delà » de la nature visible permettant de donner sens à l'univers et à la vie humaine, ne demeurent-elles pas l’apanage de la religion? Dans le présent texte, tout l’effort de Dawkins, biologiste britannique contemporain, consiste à défendre la science contre ce type de critique : ses soi-disant limites n’en sont peut-être pas, car non seulement les croyances religieuses ne constituent pas des réponses rationnelles aux questions métaphysiques, mais les questions mêmes auxquelles elles prétendent répondre sont peut-être tout bonnement aberrantes dans leur formulation même. Ce n’est évidemment pas une faiblesse que de ne pas pouvoir répondre à une question « dépourvue de sens ».
Afin d’étayer sa thèse, l’auteur commence par avancer une explication profane, présentée comme scientifique, de l’origine des croyances religieuses : les hommes auraient spontanément tendance à détecter, à tort, des intentions cachées derrière certains phénomènes naturels présentant à leurs yeux une certaine importance. Il montre ensuite que cette tendance, manifeste dans les mentalités des tribus dites “primitives”, reste présente chez le croyant moderne : les “grandes” questions métaphysiques auxquelles les “grandes” religions prétendent répondre auraient des racines psychologiques similaires. Cette argumentation permet à l’auteur de conclure que la capacité autoproclamée des religions à répondre aux interrogations métaphysiques des hommes ne prouve en rien leur supériorité sur la science, car il leur faudrait prouver d’abord que ces interrogations sont objectivement pertinentes, et pas seulement subjectivement ressenties comme