Introduction
In my beginning is my end. In succession
Houses rise and fall, crumble, are extended,
Are removed, destroyed, restored, or in their place
Is an open field, or a factory, or a by-pass .
Thomas Stearns ELIOT, « East Coker » 1-4 in Four quartets.

« L'évocation de la naissance n'est pas familière aux philosophes ; la mort est plus pathétique [...] Je suis toujours après ma naissance – en un sens analogue où je suis toujours avant ma mort ; je me trouve en vie, je suis déjà né. » . C'est ainsi que Paul Ricoeur ouvre les pages qu'il consacre à la naissance prise comme involontaire absolu. Il est vrai qu'on ne pense guère la naissance comme « objet » philosophique, c’est-à-dire le fait d'être déjà né – et ce « déjà » est lourd de sens. La philosophie, au XXeme siècle, a semble-t-il beaucoup plus voulu penser la mort. Cette mort pensée est un fait massif dans la production contemporaine philosophique sous l'ombre portée de l'être-pour-la-mort heideggerien.
Or, s’il faut bien penser la mort, ne faut-il donc pas la penser, - comme étant ce sur quoi il n'y a pas d'emprise absolue -, à partir du mystère de la naissance de l'être-en-vie et pour-la-vie ? Dans la philosophie de Paul Ricoeur la naissance coïncidant, au sein de la vie, avec la vie comme commencement, se trouve placée dans l'ordre de l'involontaire absolu ; c'est à dire comme ce sur quoi notre vouloir n'a pas eu de prise préalable pour le vouloir mais comme ce à partir de quoi je peux et je dois même consentir pour être. C’est pourquoi il ne suffit pas de naître, il faut « être-né », et ce choix d'être-né est en retour le choix d'être « vivant jusqu'à la mort ». Dans sa phénoménologie de la volonté, Paul Ricoeur articule le décider dans les choix et les motif, l'agir dans la motion volontaire et le consentir qui se tient sur la ligne de crête du consentement et de la nécessité, c'est à dire sur le fond de l'involontaire absolu du caractère, de l'inconscient et de la vie. Nous