I) L’HUITRE

A la première lecture, on a le sentiment que l’auteur nous fait une description objective de « L’huître ». Ainsi, il nous en donne une définition précise à la manière d’un dictionnaire. Il nous renseigne sur son apparence physique « grosseur », « blanchâtre », « rugueuse », « nacre », […] et avec de nombreux détails nous permet de nous en faire une idée concrète. Il nous explique également de façon informelle le mode opératoire pour parvenir à l’ouvrir « Il faut alors la tenir », « s’y reprendre à plusieurs fois », […].
Cependant, à la seconde lecture, on peut constater que ce texte est bien plus que ça et qu’il revêt de nombreuses caractéristiques poétiques.
On remarque d’abord que le texte est constitué de trois paragraphes successifs dont la taille diminue en même temps que la description qui nous est faite de « l’huitre » évolue de l’extérieure vers l’intérieure de celle-ci. Ponge la compare a un « galet » objet à caractère immuable. D’où la difficulté qui en résulte pour l’ouvrir « opiniâtrement clos ». Une fois qu’on y parvient « tout un monde » s’offre à nous, constitué de nombreuses parties qui se mélangent, on y trouve « à boire et à manger » au sens propre comme figuré. Ponge fait une métaphore en apparentant ce monde de « l’huître » et le monde réel, puisqu’on y découvre un « firmament », des « cieux », une « mare », les termes « flue et reflue » qui rappellent les marées…
Dans la dernière phrase, on apprend que « l’huître » peut parfois renfermer un merveilleux trésor ce qui lui confère alors une dimension supérieure, l’auteur emploie les termes « très rare », « perle », « nacre », « orner »…
Ponge utilise diverses figures de style liées à la poésie. On trouve, par exemple, les oxymores « brillamment blanchâtre » ou bien « dentelle noirâtre ». Il y figure aussi de nombreuses allitérations comme celle en [s] « les cieux d’en-dessus s’affaissent sur les cieux d’en-dessous » ou bien en [v] et [f] «flue et reflue à l’odeur et à la vue »…
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