Pour une brève histoire du cinéma canadien
Jean-Pierre Berthomé
p. 17-25
TEXTE BIBLIOGRAPHIE NOTES AUTEUR
TEXTE INTÉGRAL
Les débuts
1L’histoire du cinéma au Canada commence bien avant celle d’un véritable cinéma canadien avec la présence des pionniers-français, anglais ou, dans une moindre mesure, américains – qui viennent y filmer et y exportent leurs productions nationales. Les spectateurs des tout débuts du cinéma sont friands d’images exotiques, et les grandes compagnies envoient leurs opérateurs partout dans le monde pour satisfaire à cette demande. L’Anglais Charles Urban va jusqu’à fonder dans ce but la Bioscope Company of Canada (1898) et inscrit à son catalogue des titres comme La Pêche des saumons au Canada. Mais on ne saurait parler encore d’un cinéma canadien, pas plus que pour le plus célèbre film réalisé au Canada dans cette période, Nanouk l’Esquimau (1919-1921), tourné par l’Américain Robert Flaherty au nord-est de la baie d’Hudson.
2L’immensité du pays, la dispersion de sa population et son éclatement en provinces économiquement et culturellement très différenciées ne favorisent guère l’éclosion d’une cinématographie nationale fortement identifiée. Dès 1910, pourtant, de petites compagnies de production apparaissent dans les plus grands centres urbains (Montréal et Toronto surtout) pour fabriquer de courtes fictions. Mais c’est à Halifax, dans la petite province de Nouvelle-Écosse, qu’est réalisé en 1914 Evangeline, le premier long métrage canadien. La production, on le voit, demeure principalement concentrée à l’Est, plus peuplé, mais elle se développera bientôt également à Vancouver et Calgary. Encore les installations demeurent-elles de fortune, même si les premiers studios dignes de ce nom apparaissent en 1917 à Trenton (Ontario).
3L’économie de l’industrie naissante est trop fragile pour résister à la prodigieuse poussée du grand voisin américain. En 1923, celui-ci l’annexe littéralement en rachetant ses circuits de distribution et ses