Prague, ville cosmopolite ?
A bien des égards, attribuer le caractère de « cosmopolite » à la ville de Prague, capitale de la Bohème, n’est pas sans rappeler l’histoire dure de la nation tchèque. D’un certain point de vue, le cosmopolitisme, défini par Kwayme Anthnoy Appiah comme le libre choix de son lieu d’habitation et l’amour des peuples avec lesquels on vit aussi différents soietn ils, , évoque le destin du pays et la domination étrangère. Certes, la région a toujours été empreinte d’une dimension multiculturelle : si les tchèques sont des descendants des conquérants slaves venus dès le VIème siècle, ils ont fait appel vers le XIIIème siècle à des populations germanophones pour combler le manque de paysans mais il y a aussi les juifs qui, chassés progressivement d’Europe de l’Ouest, s’y installent. Néanmoins, en 1620, la défaite de la Montagne Blanche sonne avec « tombeau des Tchèques », comme le rappelle une chanson populaire1 . S’il s’agit surtout d’une défaite des protestants contre les catholiques, les Tchèques l’assimilent rapidement à une puissante défaite nationale. Cette bataille signe donc la présence des Habsbourg et la soumission à l’empire d’Autriche pour plus de trois siècles. Le statut de ville d’empire (Gesamstaat) donne à Prague une dimension cosmopolite, compte tenu des nombreuses circulations que cette organisation politique permet. Mais parmi le bouillonement artistique et intellectuel engendré par la concentration des élites mobiles à Prague, les Tchèques ont l’impression de ne pouvoir exprimer leur propre culture au milieu des nombreuses influences. Depuis le XVIIème siècle jusque la fin du XIXème, on voit que le caractère cosmopolite de la ville diminue au fur et à mesure que le nationalisme tchèque grandit.
Ainsi, le cosmopolitisme s’avère contradictoire avec l’émergence de la nation tchèque. Comment la ville de Prague reflète t-elle son histoire politique / ce renversement de forces ? Au