Cours 2009-2010 : L’argent
Sous le signe de l’ambivalence
Introduction au thème de l’argent

D’emblée, nous pouvons affirmer que l’argent possède une image négative : il ne sèmerait que corruption, injustice. En fait, nous éprouvons toujours une mauvaise conscience face à l’aspect matériel des choses. Ce qui semble paradoxal, c’est que l’argent, simple outil d’échange entre les hommes, suscite toujours une question morale. L’argent, en réalité, dépasse de loin la question économique, en étant soi-disant dénué de valeur mais permettant de fixer la valeur de toutes les choses. Il est avant tout un médiateur qui permet l’échange des choses et l’échange avec les autres. Il est le médiateur entre moi et les choses, moi et les autres. Il n’est donc pas seulement question d’économie ici, mais également de sociologie, de philosophie, de morale, de psychologie et de politique. Il nous pousse à nous interroger sur l’échange, la société (car l’argent est une création sociale, une convention) du désir, des valeurs.
Il est difficile voire impossible d’échapper à l’argent, qui s’affiche de plus en plus, signe social de réussite.
L’argent, d’étalon d’échange, peut très vite devenir objet de fantasme.
De la réalité ….
-L’argent désigne le métal argent. L’argent a remplacé le bronze en 211 avant JC, avant que Jules César ne le remplace par l’or. Au Moyen Age, on est passé du métal argent aux pièces de monnaie en argent, puis à toute monnaie métallique, enfin toute monnaie, qu’elle soit métallique ou non (comme un billet de banque par exemple). Par métonymie, l’argent peut désigner la richesse ou la fortune. Aujourd’hui, on distingue la monnaie, terme privilégié par les économistes, désignant la matérialité de l’argent (bien qu’avec la carte bancaire et l’existence de virements, cette monnaie soit de plus en plus virtuelle), et l’argent, puissance immatérielle. Entre le 16ème siècle et le 19ème siècle, l’argent est bien une monnaie « sonnante et trébuchante », emblématique