Prohibition de l'inceste
Qu'est-ce qui distingue l'homme de l'animal ? L'homme n'est pas seulement un être naturel (biologique) mais il est un être culturel c'est-à-dire qu'il vit en société. Lévi-Strauss montre qu'est naturel chez l'homme tout ce qui est universel et culturel ce qui relève de la règle. L'homme est, en effet, le seul être qui s'impose des règles, qui exige la règle pour la règle. Parce que les cultures sont diverses, les règles le sont aussi.
Or un fait avait retenu l'attention des anthropologues avant Lévi-Strauss : il existe une règle universelle, un interdit universel, celui de l'inceste. Des tentatives d'explication avaient été énoncées. On y avait vu par exemple une sorte de principe de droit naturel, l'homme ressentant une répugnance naturelle à l'idée, par exemple, d'épouser sa mère ou son père. Freud, à travers l'analyse du complexe d'Œdipe nous a montré que cette première explication ne tient pas. On a voulu expliquer aussi la prohibition de l'inceste par l'existence de risques génétiques, les mariages consanguins augmentant le risque de maladies. Mais ces risques ne sont pas assez grands pour être visibles empiriquement et ne peuvent être connus que dans les sociétés où s'est développée une biologie scientifique, ce qui n'est pas le cas des sociétés dites primitives. Il faut du reste ajouter que si la prohibition de l'inceste est bien universelle, la définition de l'inceste, elle, varie en fonction du groupe considéré. Dans certaines sociétés, par exemple, il est requis d'épouser la cousine croisée (fille du frère de la mère ou de la sœur du père) alors que la cousine parallèle (fille du frère du père ou de la sœur de la mère) est rigoureusement interdite. Le risque génétique est ici pourtant identique dans les deux cas.
Par son universalité la prohibition de l'inceste semble relever de la nature, mais par la diversité de ses modalités, par le fait qu'elle relève de la règle, elle semble plutôt