Prétendre distinguer l’homme de l’animal est-ce légitime ?
C’est un philosophème banal que de définir l’homme à partir de ce qui le différencie et donc le distingue, au sens logique et aussi au sens axiologique du terme. Mais ce qui fut pensé et analysé par les philosophes anciens , non sans quelque précaution, une fois devenu la vulgate de l’enseignement scolaire est-il si évident ? Prétendre n’est-ce pas justement affirmer sans juger bon de justifier ou de démontrer la justesse de son jugement ? Distinguer est-ce opposer radicalement, poser une différence de nature entre humanité et animalité ou bien est-ce s’efforcer de comprendre en quoi, pourquoi et comment l’espèce humaine s’est différenciée des autres espèces animales ? Mais aujourd’hui les études de plus en plus fines sur le comportement animal
(éthologie animale) et la connaissance des structures du vivant ainsi que l’explication de leur émergence et de leur évolution au cours de l’histoire des espèces fragilisent la barrière ou la frontière infranchissable que certains philosophes avaient érigée entre l’homme et l’animal. Faut-il accepter sans réflexion ce nouveau paradigme et après avoir cru à la discontinuité croire à la continuité entre l’homme et les autres espèces animales ? La raison critique interdit d’avoir des opinions, peu importe qu’elles soient anciennes ou nouvelles, ce n’est pas une querelle entre les anciens et les modernes. Il s’agit de méditer sur notre rapport aux animaux non humains afin de mieux comprendre notre condition humaine et d’adopter un mode de vie plus conforme à ce qui en fait la valeur.
C’est pourquoi, nous commencerons par confronter les opinions illégitimes au sujet de la distinction entre humanité et animalité, puis nous nous interrogerons sur les façons de justifier une opposition de nature entre l’homme, être spirituel, doué de raison, de langage, bâtisseur de culture et les animaux soumis au seul instinct