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A – Charles Baudelaire, « Rêve parisien », Les Fleurs du mal, 1857. B – Paul Verlaine, « Cauchemar », Poèmes saturniens, 1866. C – Raymond Queneau, « En cas d’arrêt même prolongé », Courir
les rues, 1967. m 1. Par quels éléments le lecteur se rend-il compte que ces poèmes présentent des rêves ou des rêveries ? (3 points) m 2. Relevez, en les commentant, les marques de l’angoisse dans chacun de ces textes. (3 points) Après avoir répondu à ces questions, les candidats devront traiter au choix un des trois sujets nos 6, 7 ou 8.
Document A
Rêve parisien À Constantin Guys1
De ce terrible paysage, Tel que jamais mortel n’en vit, Ce matin encore l’image, Vague et lointaine, me ravit.
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Le sommeil est plein de miracles ! Par un caprice singulier J’avais banni de ces spectacles Le végétal irrégulier, Et, peintre fier de mon génie, Je savourais dans mon tableau L’enivrante monotonie Du métal, du marbre et de l’eau.
©HATIER
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Babel2 d’escaliers et d’arcades, C’était un palais infini, Plein de bassins et de cascades Tombant dans l’or mat ou bruni ; Et des cataractes3 pesantes, Comme des rideaux de cristal, Se suspendaient, éblouissantes, À des murailles de métal. Non d’arbres, mais de colonnades Les étangs dormants s’entouraient, Où de gigantesques naïades4, Comme des femmes, se miraient.
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Des nappes d’eau s’épanchaient, bleues, Entre des quais roses et verts, Pendant des millions de lieues, Vers les confins de l’univers ; C’étaient des pierres inouïes Et des flots magiques ; c’étaient D’immenses glaces éblouies Par tout ce qu’elles reflétaient ! Insouciants et taciturnes, Des Ganges5, dans le firmament, Versaient le trésor de leurs urnes Dans des gouffres de diamant. Architecte de mes féeries, Je faisais, à ma volonté, Sous un tunnel de pierreries Passer un océan dompté ; Et tout, même la couleur noire, Semblait fourbi6, clair, irisé ; Le liquide enchâssait7 sa gloire Dans le rayon cristallisé.
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