Période de la photographie
1. Signes ascendants
L’oeuvre photographique d’Henri Cartier-Bresson naît dans les années 1920. Elle est le produit d’un ensemble de facteurs combinés : une certaine prédisposition artistique, un apprentissage assidu, un peu d’air du temps, des aspirations personnelles, beaucoup de rencontres. Élève à l’académie du peintre André Lhote (cubiste) de 1926 à 1928, il apprend les règles classiques de la géométrie et de la composition. Il les applique d’abord à sa pratique picturale avant de les expérimenter peu après avec son appareil photographique : ses premières images sont ainsi souvent structurées selon la proportion du nombre d’or. Grâce à ses amis américains, Caresse et Harry Crosby, il découvre les photographies du vieux Paris d’Eugène Atget. À partir de l’automne 1930, il séjourne en Afrique où il applique les innovations formelles de la Nouvelle Vision photographique, héritées du constructivisme russe : angles inédits, cadrages en gros plans, attention portée à la dynamique. Loin du regard de l’ethnographe, ces images montrent une attention au rythme et à la vie quotidienne des Africains.
2. L’attraction surréaliste
Par l’intermédiaire de René Crevel, rencontré chez le peintre Jacques-Émile Blanche, Cartier-Bresson commence à fréquenter les surréalistes vers 1926. Le hasard et les coïncidences que Cartier-Bresson accueille dans ses compositions, comme le mouvement capturé dans ses instantanés, sont autant de dispositions qui témoignent de sa connivence avec ce mouvement, auquel il n’a pourtant jamais adhéré. Il assiste néanmoins régulièrement aux réunions des membres du groupe. De ces fréquentations, il retiendra quelques motifs emblématiques de l’imaginaire surréaliste : les objets empaquetés, les corps déformés, les rêveurs aux yeux clos, etc. Mais plus encore, c’est l’attitude surréaliste qui le marque : l’esprit subversif, le goût du jeu, la place laissée à l’inconscient, le plaisir de la déambulation