Qu'avons nous a gagner a faire notre devoir?
Corrigé
Introduction
Le devoir est ce qui s'impose à nous comme ce que nous devrions faire quoi qu'il nous en coûte. De ce fait, il entre souvent (pour ne pas dire toujours) en contradiction avec nos propres désirs : ce que je dois faire n'est pas ce que j'ai envie de faire, ce pourquoi d'ailleurs grande est la tentation de ne pas le faire, en d'autres termes de m'en dispenser. Alors, qu'avons-nous à gagner à faire notre devoir ? Rien semble-t-il, sinon endurer la frustration de nos désirs. À moins toutefois que l'obéissance à ce que le devoir prescrit ne soit elle-même la source d'une certaine satisfaction, devant soi-même ou devant autrui : après tout, celui qui a agi envers et contre tout selon ce que le devoir ordonne n'a-t-il pas fait preuve de maîtrise de soi, de grandeur d'âme, de fermeté dans ses principes ? Ne montre-t-il pas qu'il est capable de ne pas se laisser emporter par ses désirs, qu'il peut opposer aux mobiles issus de la sensibilité des mobiles d'un tout autre ordre, qui ont la seule raison pour origine ? Peut-être, mais que vaudrait le devoir s'il devait, au nom de ce que le commandement moral exige, me pousser à humilier en moi la sensibilité même ? Que vaut un devoir qui au nom d'une exigence universelle s'imposant d'égale façon à tous m'oblige à renoncer à tout ce qui en moi est particulier ? Ne faudrait-il pas alors plutôt affirmer que c'est lorsqu'ils me donnent droit à mes droits que mes devoirs sont autre chose qu'une exigence purement formelle et irréalisable dans l'existence réelle ?
I. Le devoir comme moyen d'accéder à la liberté pratique
1. Différence des mobiles sensibles et rationnels
Selon Kant, mon action peut avoir deux mobiles d'origine diamétralement différente : soit les motifs qui m'ont déterminé à agir sont issus de ma sensibilité, soit ils proviennent de la raison. Quand j'agis sous le coup de mobiles sensibles, quand je ne fais que ce qui me plaît, je laisse