Qu'est-ce qu'une civillisation
C'est la combinaison des deux approches - historique et comparative - qui se révèle la plus fructueuse, comme le démontrent les travaux du sociologue Marcel Mauss et des historiens Lucien Febvre et Fernand Braudel. En effet, celles-ci permettent de préciser quelles réalités sociales sont désignées par le vocable «civilisation». A ce propos, Fernand Braudel écrit: «La notion de civilisation est au moins double. Elle désigne à la fois des valeurs morales et des valeurs matérielles.»
Avant lui, l'ethnologue britannique Edward Burnett Tylor avait précisé dans son livre la Civilisation primitive (1871) qu'une civilisation englobe «les connaissances, les croyances, art, morale, droit, coutumes et toutes les autres aptitudes propres à l'Homme en tant que membre de la société».
Pour générales qu'elles soient, ces définitions n'en ont pas moins le mérite de dégager les principales composantes de ce que l'on entend par «civilisations». Il s'agit d'ensembles complexes qui intègrent tous les aspects de l'activité sociale: les techniques de production aussi bien que les croyances religieuses, les institutions politiques et les règles morales. L'originalité de chaque civilisation réside dans la façon dont sont combinés ces multiples facteurs, dans leur place et leur importance dans la société, et donc dans la manière dont ils s'articulent les uns par rapport aux autres. Autrement dit, une civilisation est une forme d'organisation spécifique de l'idéel - tout ce qui est du domaine des représentations mentales - dans ses rapports avec le matériel - tout ce qui touche à la production et à la reproduction de la société.