Qu'est-ce que les lumiéres?
Réponse à la question : « qu’est-ce que les Lumières ? »
Emmanuel Kant, 1784
5- A quoi Kant exhorte-t-il ses lecteurs ? Pourquoi cela demande-t-il selon lui du courage ? Que redoute de perdre l’individu ?
La devise latine « Sapere aude » synthétise l’esprit de cette exhortation, en résume le sens. Dans sa forme elle constitue une injonction ferme, et sonne comme un reproche implicite dans la mesure où la mention du mot « courage » dans la traduction libre qu’en fait Kant fait écho à la « lâcheté » pointée par le philosophe comme une des causes de la minorité de l’homme. Ainsi penser ne va pas de soi, c’est un acte fort et personnel comme en témoigne l’insistance sur les marques de la seconde personne aux lignes 6 et 7 : pour Kant c’est le sens de l’autonomie qui définit l’humanité de l’homme. Par ailleurs le choix du verbe « oser » n’est pas anodin ; il suppose une prise de risques en s’affranchissant de ses tuteurs, des préceptes et des formules qu’on accepte sans les soumettre à l’examen. Se servir de son entendement, c’est donc opérer « un travail de transformation sur soi-même » ; voilà à quoi Kant invite cet homme régi de l’extérieur : il s’agit de reconquérir sa faculté de connaître et sa liberté.
6- Dans quelle mesure cet extrait caractérise-t-il l’esprit des Lumières ?
Il s’agit d’un texte de vulgarisation, ce qui est un souci constant des hommes des Lumières. Kant nous y appelle à nous affranchir de toutes les formes d’aliénation intellectuelle et morale, à exercer notre esprit critique : c’est un hymne à la liberté individuelle. Il exalte par ailleurs la raison (« l’entendement ») comme la plupart des penseurs français de l’époque et dessine une vision de l’histoire en termes de progrès, de marche vers les lumières de la raison, vers la majorité, c’est-à-dire l’autonomie conquise de l’humanité décidant d’elle-même et par elle-même, et ne déléguant plus à des autorités instituées (religieuses, politiques, idéologiques,…) le pouvoir de