Qu'est devenu la classe ouvrière ?

1207 mots 5 pages
Thomas (1) n’a que 32 ans mais il dit que la société le considère comme une espèce en voie de disparition. Comme un anachronisme social. « Dernièrement, dans un dîner avec des amis de ma sœur, à Paris, on m’a demandé ma profession, raconte ce salarié de l’industrie chimique dans la région marseillaise. Lorsque j’ai dit que j’étais ouvrier, on m’a regardé avec étonnement. L’un des invités a même avoué : “Il ne doit pas en rester beaucoup”… Comme si l’on nous avait rayés de la carte. »

Enseignant à l’université d’Évry (Essonne) et à l’École des hautes études en sciences sociales, spécialiste de l’histoire ouvrière, Nicolas Hatzfeld ne s’étonne pas de cette « occultation ». « Chaque année, lorsqu’on demande aux étudiants combien il reste d’ouvriers en France, les réponses sont ahurissantes. Certains disent 100.000, d’autres 500.000. Il y en a toujours un qui par bravade va aller jusqu’à les estimer à un million. »

Étrange oubli puisque la France compte près… de 6 millions d’ouvriers. Leur nombre, certes, a fortement baissé. Michel Simon (2), professeur émérite à l’université des sciences et technologies de Lille (Nord), rappelle que 80 % des salariés français étaient des ouvriers en 1900. Ils représentent encore, malgré tout, près d’un quart de la population active. Et pourtant, insiste Michel Simon, ces ouvriers ont disparu autant de l’imaginaire collectif que du vocabulaire patronal : « Les directions de ressources humaines emploient des mots comme opérateur ou collaborateur et les manifestants de Renault deviennent tout d’un coup des employés. »
« Travailleurs, ouvriers (…) Ce ne sont pas des gros mots »

Cette invisibilité du monde ouvrier s’est même retrouvée dans le discours politique qui semble un temps avoir été victime d’amnésie, sans doute guidé par des raisons stratégiques. « Travailleurs, ouvriers (…) Ce ne sont pas des gros mots », avait cru bon d’insister en 2002 l’ancien premier ministre socialiste Pierre Mauroy à l’attention de Lionel

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