Quand on n'a pas...
Lorsque le 23 Mai 1667 Bussy-Rabutin écrivait cette phrase dans une lettre à Madame de Sévigné, il était certainement conscient de s’inscrire dans la droite ligne des Stoïciens de la troisième génération, celle de Sénèque, Epictète et Marc-Aurèle.
Devant le problème du bonheur face à la mort et à l’angoisse qu’elle suscite depuis toujours chez l’homme, il existe historiquement quatre types de réponses à cette peur.
-La première, qu’on appelle « traditionnelle », consiste à dire : il n’y a rien de nouveau sous le soleil ; tout ce qui arrive et arrivera nous vient d’un passé qui a été organisé et prévu d’avant. Nihil novi sub sole.
-La seconde solution est cosmologique : elle consiste à montrer que l’univers est un ordre parfait, harmonieux, juste et beau. Tout ce qui s’y passe s’y déroule dans le « meilleur des mondes possibles ». C’est le point de départ du Stoïcisme.
-La troisième solution est religieuse : c’est le fameux « n’ayez pas peur ! » Il y a un Dieu créateur bienveillant juste, omniscient et omnipotent qui veille à tout et qui prévoit tout. (Monothéismes)
-La quatrième solution est désespérée : elle consiste à dire qu’il n’y a rien à craindre parce qu’il n’y a rien à espérer. Tout est souffrance, tout passe ; il faut se réjouir du simple fait d’en avoir conscience. Ce sont l’Epicurisme (Lucrèce) et le Bouddhisme.
Pour les Stoïciens, il y a un destin cosmique d’après lequel l’ordre du monde, la succession des faits, les événements qui composent la vie humaine sont déterminés selon une nécessité immuable. Si nous cherchons à résister à ce destin, nous ne pouvons qu’éprouver de la souffrance. Ce monde est un ordre parfait et les choses qui arrivent sont nécessaires. Le bonheur vient de ce que le monde coïncide à nos désirs ; or le monde ignore nos désirs. Puisque je ne peux pas changer le monde, je dois changer mes désirs. Nous sommes des comédiens qui avons une pièce à jouer ;