que n'ai-je encor la harpe thracienne
Du Bellay
Que n'ai-je encor la harpe thracienne,
Pour réveiller de l'enfer paresseux
Ces vieux Césars, et les ombres de ceux
Qui ont bâti cette ville ancienne ?
Ou que je n'ai celle amphionienne,
Pour animer d'un accord plus heureux
De ces vieux murs les ossements pierreux,
Et restaurer la gloire ausonienne ?
Pussé-je au moins d'un pinceau plus agile
Sur le patron de quelque grand Virgile
De ces palais les portraits façonner :
J'entreprendrais, vu l'ardeur qui m'allume,
De rebâtir au compas de la plume
Ce que les mains ne peuvent maçonner.
L'auteur
Du Bellay était un poète du XVI° siècle, né en 1522 pendant la Renaissance, plus particulièrement celle des arts et de la culture. En 1549, il écrit Défense & illustration de la langue française, un manifeste inspiré des idées et des exemples de la Pléïade, le groupe auquel il appartient. Cet ouvrage a pour but de défendre le français contre la domination du latin, de cultiver les genres nouveaux et d' enrichir le vocabulaire. Il écrit la même année un recueil de sonnets L'Olive écrit à la manière de Pétrarque, qui connaît un grand succès. En 1558, il publie les Antiquités de Rome, reflet de ses impressions de son voyage à Rome, ce qui en explique les nombreuses références. Sa dernière oeuvre, Le poète courtisan, rédigé dans un registre satyrique, fut publiée en 1559. Il meurt jeune.
Analyse générale :
On peut se demander dans quelle mesure ce poème est-il une réécriture du mythe d'Orphée.
I/ Modernisation du mythe d'Orphée
II/ recours à des images poétiques
III/ composition lyrique
Culture générale :
-Thrace : nord-est de la Grèce
-le Thrace : langue ancienne parlée par les Thraces qui puise aux origines même des langues parlées dans le monde (origine indo-européenne)
-harpe tracienne : langage magique et poétique
-lettre thraciennes : nom que l'on donnait à certains caractères magiques anciens. Inscrit déjà la poésie