Quel avenir pour les frontières?
Annale ENSP 2014
Adam Smith, dans son Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations, (1776), annonce l’apparition de la « République mercantile universelle », c’est-à-dire un monde sans frontière marchande. Ce qui caractérise cette dernière, et qui en même temps fait de Smith le premier théoricien libéral au sens économique du terme, c’est qu’elle est supposée apparaître d’elle-même, sans que les hommes aient à établir des traités ou des pactes quelconques : la théorie de la « main invisible » suppose en effet qu’il existe dans la sphère mercantile internationale ce qu’on pourrait appeler un “ordre immanent”, équivalent économique de l’ordre divin dans la nature.
Est-ce à dire que l’abolition des frontières – de toute frontière : géographique, politique, culturelle, linguistique, sociale etc - est un mouvement irréversible, un avenir inéluctable ? Voire. Le thème de la frontière est ancien en géographie. On le retrouve notamment à la fin du XIXème siècle dans l’opposition entre les points de vue de Friedrich Ratzel (développant une approche naturaliste des frontières) et d’Elisée Reclus (vision des frontières articulée sur la confrontation entre les Etats).
L’importance des frontières sera ultérieurement confirmée par le développement de l’analyse géopolitique. Les hommes ont souvent invoqué la nature pour justifier leurs découpages, distinguant entre frontières artificielles et frontières naturelles. Les Alpes et des Pyrénées en sont des exemples.
Aujourd’hui, les limites et les frontières sont des objets de conflictualités, parfois exacerbées, comme l’a montré récemment la guerre au Soudan-Sud ou bien la guerre des Balkans dans les années 90. Est-ce pour autant un phénomène nouveau ? D’une part l’intérêt porté pour les frontières dans le domaine juridique est très ancien, essentiellement centré sur la défense des intérêts économiques ou politiques.
D’autre part, l’effervescence actuelle qui