Quels sont les buts des lois
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Assurément la volonté bonne reste l'indispensable condition de ce qui nous rend dignes d'être heureux : la vertu. Mais, si elle est à ce titre le bien suprême, elle n'est pas encore le bien complet : le bien ne peut être souverain, pour reprendre l'expression traditionnelle, que s'il accorde la vertu et le bonheur. Or on ne peut admettre ni que la vertu est impliquée dans la seule recherche du bonheur, comme le croyait Épicure, ni que le bonheur n'est rien d'autre que la vertu elle-même, comme le prétendaient les stoïciens. D'un autre côté, on voit la raison, lorsqu'elle tente d'établir entre eux une relation de causalité, mettre en conflit dans une antinomie deux thèses également inacceptables : il est faux de prétendre que le désir du bonheur puisse engendrer les maximes de la vertu ; il est faux également de soutenir que les maximes de la vertu engendrent à elles seules le bonheur, car ce n'est pas sur les intentions de la volonté, mais sur les lois de la nature, que se règle l'enchaînement des causes et des effets. Aussi, le respect de loi, concrétisé en vertu n?est pas suffisant pour être heureux. Pour dépasser Kant, le bonheur pourrait se définir comme le désirable absolu, qui vaut par soi seul, la satisfaction ultime vers quoi toutes les satisfactions tendent, le plaisir complet sans lequel tout plaisir est incomplet. C'est le but sans but (en tout cas sans autre but que lui-même) et le contentement sans reste. Le bonheur est le souverain bien ; le souverain bien est le bonheur. Dès lors, si tout concours au bonheur, que le bonheur est le bien, les lois participe au bonheur, elles y contribuent, elles ont pour but le bonheur, mais elles ne doivent pas contraindre les hommes à être heureux de telle ou telle