Questions de corpus + commentaire composé
CORPUS DE TEXTE
Textes
A- Voltaire, Aventure indienne, traduite par l’Ignorant, 1766.
B- René Pomeau, « Note sur l’Aventure indienne », dans Voltaire, Romans et contes, 1966.
C- Voltaire, article « Torture », Dictionnaire philosophique, 1769.
Texte A
Pythagore dans son séjour aux Indes, apprit, comme tout le monde sait, à l’école des gymnosophistes , le langage des bêtes et celui des plantes. Se promenant un jour dans une prairie assez près du rivage de la mer, il entendit ces paroles : « Que je suis malheureuse d’être née herbe ! A peine suis-je parvenue à deux pouces de hauteur que voilà un monstre dévorant, un animal horrible, qui me foule sous ses larges pieds ; sa gueule est armée d’une rangée de faux tranchantes, avec laquelle il me coupe me déchire et m’engloutit. Les hommes nomment ce monstres un mouton. Je ne crois pas qu’il y est au monde plus abominable créature. »
Pythagore avança quelques pas ; il trouve une huître qui baillait sur un petit rocher ; il n’avait point encore embrassé cette admirable loi par laquelle il est défendu de manger les animaux nos semblables. Il allait avaler l’huître, lorsqu’elle prononça ces mots attendrissants : « Ô Nature ! Que l’herbe, qui est comme moi ton ouvrage, est heureuse ! Quand on l’a coupé, elle renaît, elle est immortelle ; et nous, pauvres huîtres, en vain sommes-nous défendues par une double cuirasse ; ces scélérats nous mangent par douzaines à leur déjeuner, et c’en est fait pour jamais. Quelle épouvantable destinée que celle d’une huître, et que les hommes sont barbares ! »
Pythagore tressaillit ; il sentit l’énormité du crime qu’il allait commettre : il demanda pardon à l’huître en pleurant, et la remit bien proprement sur son rocher.
Comme il rêvait profondément à cette aventure en retournant à la ville, il vit des araignées qui mangeaient des mouches, des hirondelles qui mangeaient des araignées, des éperviers qui mangeaient des hirondelles. « Tous ces