Rapport de drancy
Assis dans le car, nous nous laissons bercer par la musique... qui hurle dans nos oreilles. Certains parlent, d'autres s'amusent, heureux d'échapper à une matinée de cours. Tous, nous nous amusons à échanger photos et musiques. Nous traversons villes et villages jusqu'à Drancy. Arrivés au beau milieu de la cité de la Muette, l'ambiance change: nous demeurons perplexes; nous avions pourtant été prévenu qu'il ne s'agissait pas d'un simple musée. Les professeurs veulent nous faire taire mais ce n'est pas nécessaire car le silence est déjà présent.
Nous entrons dans la salle, petite, où les chaises sont tassées; nous nous asseyons, encore engourdis par le voyage, et le voyons, avant que les derniers rangs l'aperçoivent: le déporté va dans quelques instants s'adresser à nous...
Il nous annonce qu'il va nous montrer un film, nous raconter son histoire puis nous laissera poser des questions. Le film commence, nous écoutons attentivement: nous voyons la transformation de Drancy, cité HLM des années 30, en camp d'internement. Au cours du film, nous apprenons l'histoire du camp; à aucun moment, en classe, nous ne nous sommes interessés à un camp en particulier: Il est toujours « moins douloureux » d'étudier les évènements en surface, en mémorisant uniquement les dates. Quand nous entendons résonner dans cette salle le générique de fin, les réactions sont différentes: certains se remettent à parler immédiatement comme pour évacuer au plus vite ce qu'ils viennent de voir, d'autres restent sans bouger, attendant une parole qui ne viendra pas...
Le déporté se met à parler de son enfance dans le 20ème arrondissement et de l'arrestation de son frère, par dénonciation, ce qui l'a conduit à se cacher chez sa tante, qui avait réussi à faire retirer son nom des fichiers juifs moyennant finances. Un jour, le 28 juin 1944, alors qu'il était revenu dans son ancien appartement chercher des affaires, il